Thérapie psychédélique et santé mentale : un pas trop loin?

_Mai 2024

En janvier 2024, pour la première fois au Canada, Santé Canada a accordé à PharmAla Biotech une licence de distributeur relative aux drogues et substances contrôlées, permettant à la société de vendre de la MDMA¹ et de la psilocybine pour traiter des patients atteints de troubles psychiatriques comme la dépression et le trouble de stress post-traumatique (TSPT).² À l’instar de certains États américains, l’Alberta a adopté l’an dernier une réglementation qui permet la prescription de psychédéliques. Des établissements médicaux agréés proposant des psychothérapies assistées par les psychédéliques ont commencé à ouvrir leurs portes partout au Canada.³

Alors que certains diront que les psychédéliques sont des médicaments prometteurs pour le traitement de la dépression majeure, de l’anxiété et du TSPT résistants au traitement, d’autres pourraient considérer cette évolution comme une voie risquée vers l’augmentation de la consommation de drogues illicites et la possibilité d’une dépendance à d’autres substances. Le Canada a fait des progrès audacieux à l’échelle internationale avec la légalisation du cannabis, mais sommes-nous prêts à poursuivre la renaissance des psychédéliques? Et quelle incidence cela aura-t-il sur la tarification de l’assurance vie et de l’assurance maladies graves?

La psychothérapie assistée par les psychédéliques est un type de pratique psychiatrique qui comprend un médicament psychédélique de qualité pharmaceutique, comme la MDMA ou la psilocybine, dans le cadre d’un programme de traitement psychothérapeutique. Les patients reçoivent généralement une dose modérée à forte, administrée au cours d’un certain nombre de séances espacées de plusieurs semaines.

La thérapie psychédélique diffère des traitements psychiatriques conventionnels. Bien que les médicaments traditionnels soient généralement pris sans supervision étroite et immédiate, la thérapie psychédélique est administrée dans un environnement contrôlé et supervisé où le thérapeute offre du soutien tout au long du traitement.

Étant donné que les médicaments administrés sont de qualité pharmaceutique et qu’ils contiennent de plus grandes doses, la psychothérapie assistée par les psychédéliques est très différente du microdosage. Le microdosage consiste à consommer de très petites quantités d’une substance psychoactive obtenue illégalement, habituellement du LSD ou d’autres hallucinogènes comme des champignons magiques, afin d’améliorer la productivité, la créativité, l’humeur et le sentiment général de bien-être, sans provoquer un état d’euphorie ou des signes d’intoxication. Généralement, de petites doses sont prises régulièrement ou de façon intermittente pendant une période prolongée; la durée de la consommation varie d’une personne à l’autre. Bien que le microdosage puisse être utilisé dans un cadre thérapeutique, il s’agit d’une pratique relativement peu commune.

Malgré sa popularité, le microdosage pose de nombreux problèmes, car les doses ne sont ni normalisées ni réglementées; des effets secondaires imprévus et imprévisibles sont donc possibles.

Il existe également un risque de développer une tolérance, ce qui signifie qu’au fil du temps, une personne pourrait devoir augmenter la dose pour obtenir les mêmes effets.

La thérapie psychédélique étant utilisée pour compléter les traitements psychiatriques conventionnels, où en sommes-nous du point de vue de la tarification?

Tant qu’il n’y aura pas d’autres études à long terme disponibles, il sera difficile de se prononcer sur les risques pouvant découler d’un usage médical contrôlé. Toutefois, dans le cas des demandeurs qui utilisent un médicament psychédélique prescrit et pour lesquels une offre de tarification peut être faite, Munich Re suggère ce qui suit :

• Évaluer le(s) trouble(s) psychiatrique(s) sous-jacent(s) pour le(s)quel(s) une thérapie psychédélique est prescrite.
• Confirmer que les médicaments sont administrés sous la supervision directe d’un psychiatre ou par un médecin en consultation avec un psychiatre.
• S’assurer qu’il n’y a aucune preuve d’abus de substances actuel ou antérieur.
• Prêter une attention particulière à la conduite automobile et/ou à tout comportement à risque.

Si le cannabis nous a appris quelque chose, c’est que l’acceptation des psychédéliques en tant que substances médicinales pourrait n’être qu’une étape avant la dépénalisation et la commercialisation. Les assureurs doivent continuer à faire preuve de diligence raisonnable et de vigilance à l’égard des facteurs de risque liés au mode de vie, actuel ou antérieur, car ils sont susceptibles d’augmenter les comportements à risque. Il reste à voir si ces nouveaux traitements auront une incidence sur les résultats en matière de mortalité et de morbidité.

Munich Re suivra de près toutes les avancées sur ce sujet brûlant afin de reconnaître les risques à un stade précoce et d’aider tous nos clients à les gérer de façon appropriée. Si vous avez des questions sur l’évaluation des risques liés aux thérapies psychédéliques et au microdosage, veuillez communiquer avec nous.