Mise à jour sur les innovations médicales : avons-nous trouvé le remède à l’obésité?

Nouveaux médicaments contre l’obésité

L’obésité est depuis longtemps un problème de santé mondial. L’Organisation mondiale de la santé estime que l’obésité a triplé dans le monde depuis 1975, et Statistique Canada estime que près de 30 % des Canadiens sont obèses.¹ Bien qu’un faible pourcentage de personnes obèses soient considérées comme étant en bonne santé métabolique,² la majorité d’entre elles sont considérées comme étant en mauvaise santé métabolique, avec des comorbidités cardiovasculaires défavorables liées à l’obésité, comme l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie et le diabète de type 2. L’obésité est aussi associée à une foule de risques pour la santé, notamment les maladies cardiovasculaires, les accidents vasculaires cérébraux et certains cancers. Malgré la présence d’un secteur de la gestion du poids et des régimes alimentaires qui génère des millions de dollars³ au Canada et qui offre un éventail complet, qu’il s’agisse de médicaments et de suppléments en passant par des applications pour la perte de poids, le traitement de l’obésité a connu un succès limité. 

Un domaine prometteur – et très médiatisé – du traitement de l’obésité est l’utilisation d’une nouvelle catégorie de médicaments, les agonistes du peptide-1 apparenté au glucagon (GLP-1), une catégorie de médicaments initialement approuvée pour le traitement du diabète de type 2. Des études ont démontré des effets spectaculaires sur la perte de poids par rapport à d’autres médicaments contre l’obésité.⁴ Cette catégorie de médicaments reproduit l’hormone qui stimule la production d’insuline, ce qui pousse l’organisme à produire plus d’insuline et diminue la glycémie. Ils ralentissent aussi le mouvement des aliments de l’estomac, ce qui cause une satiété précoce et une diminution de l’appétit.

Bon nombre d’entre eux connaissent l’agoniste GLP-1, le sémaglutide, vendu sous le nom d’Ozempic pour le diabète de type 2. Malgré les manchettes fréquentes sur Ozempic en tant que médicament amaigrissant, Santé Canada ne l’a pas encore approuvé pour la perte de poids. À l’heure actuelle, aux États-Unis et au Canada, seulement deux agonistes des récepteurs du GLP-1 sont approuvés pour le traitement de l’obésité. Il s’agit de Wegovy (sémaglutide) et de Saxenda (liraglutide).

Wegovy est fabriqué par Novo Nordisk, une entreprise du Danemark qui fabrique également Ozempic, le médicament contre le diabète. Les deux produits contiennent du sémaglutide, mais Wegovy est commercialisé spécialement pour la perte de poids et est offert en doses plus élevées. Une étude récente révélait que les patients ayant reçu une injection de 2,4 mg de sémaglutide ont connu une perte de poids spectaculaire d’environ 15 % (~35 livres) à 68 semaines; aucun autre médicament amaigrissant approuvé par Santé Canada n’a présenté des résultats semblables. D’autres bienfaits métaboliques, notamment une baisse de la pression artérielle, une amélioration du taux de cholestérol et une diminution du tour de taille – tous des facteurs de risque de maladie cardiovasculaire – ont également été mis en évidence.⁵

Parmi les autres nouvelles prometteuses, un autre nouveau type de médicament contre le diabète de type 2, les agonistes à double action des récepteurs du GLP-1 et du GIP, pourrait être encore plus efficace que les inhibiteurs du GLP-1 seulement pour favoriser la perte de poids.⁶ Le médicament tirzépatide d’Eli Lilly, vendu sous la marque Mounjaro, a été approuvé pour un traitement du diabète en 2022 et devrait arriver au Canada en 2023.

Compte tenu de ces résultats, il n’est pas surprenant que la nouvelle se répande rapidement. Les histoires de réussite en matière de perte de poids ont explosé en popularité dans les médias sociaux, de sorte que certains patients diabétiques ont maintenant de la difficulté à obtenir leurs médicaments sur ordonnance.

Il est important de souligner que ces médicaments ne sont pas des solutions magiques qui peuvent être utilisées en silo. Ils sont conçus pour la gestion du poids à long terme en complément avec une modification de l’alimentation et du mode de vie par l’exercice. Comme pour les autres traitements visant la perte de poids, le changement le plus important menant à une perte de poids réussie est un mode de vie sain, constant et durable!

Nous devons aussi nous rappeler que certaines préoccupations sont également associées à ces médicaments. Ils doivent être administrés par injection. Ils présentent des effets secondaires potentiels, notamment la nausée, les vomissements, la diarrhée, la pancréatite et des dommages aux reins et/ou au foie. De plus, le traitement est coûteux. Il s’élève à environ 5 000 $/année au Canada et pourrait ne pas être couvert par les régimes provinciaux s’il est prescrit pour la gestion de la perte de poids. Un rebond du poids peut aussi se produire si le médicament est arrêté; il n’est donc pas clair si un traitement à vie est nécessaire. 

Du point de vue de la sélection des risques en assurance vie, les médicaments GLP-1 et les futures combinaisons médicamenteuses pourraient avoir une incidence importante sur la prévalence toujours croissante de l’obésité. L’incidence sur la mortalité et la morbidité pourrait être énorme si cette nouvelle catégorie de médicaments pouvait éliminer complètement l’obésité! On observerait non seulement une diminution des maladies cardiovasculaires, la principale cause de décès aux États-Unis et la deuxième cause de décès au Canada,⁷ mais les cancers liés à l’obésité et toutes les autres comorbidités liées à l’obésité, comme l’apnée obstructive du sommeil et la stéatose hépatique, diminueraient également. Ce serait incroyable.

Le prochain article de cette série portera sur les progrès réalisés dans le traitement du VIH.